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afoulay

6 juin 2008

sits sur les gravures

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6 juin 2008

Le Drâa, à travers les gravures rupestres

Le Drâa, à travers les gravures rupestres

jeudi date_jnum20 mars 2004, par Agafay BENNANA

Le Drâa ( Sud marocain ), à travers les gravures rupestres.

. Les gravures rupestres sont une matière première très riche et qui permet d’écrire l’histoire. Ces documents rupestres qui remontent à des milliers d’années sont des vestiges et des indices de l’existence humaine dans une telle région.

La région de Bani-Dra, en précis les territoires de la province de Tata (Sud marocain) occupés par la montagne de Bani et l’Oued Dra, contient environ 80 sites rupestres de grande importance. Nous citons comme exemple : Adrar Metgourine, Tircht, Tiggane, Ighir Ighnain, Melalg, Imaoun, Adroum, Tachoukalt....

Des sites visités et étudiés par des chercheurs étrangers depuis l’époque coloniale, tels que : O. du Puigaudeau et M. Senones, R. La Fanechere, H. Lhote, A. Rodrigue, A. Simoneau. ( ..... ) La préhistoire du Drâa étudiée à travers les gravures rupestres est divisée chronologiquement en plusieurs périodes. Mais malgré ces efforts, cette division pose parfois des problèmes surtout la séparation entre les unes et les autres en ce qui concerne sa datation approximative et ces caractéristiques.

- La période des chasseurs

Les figurations rupestres appartenant à cette période sont presque dominées par la faune sauvage : éléphants, rhinocéros, girafes, autruches, antilopes... , Les bovins sont très rares.

Le chien quant à lui est présent au milieu des chasseurs pour la défense et pour la chasse à la poursuite des animaux sauvages. Les pièges et les flèches sont aussi des moyens de la chasse pour attaquer les proies. En plus nous voyons la présence de divers symboles en plusieurs formes : spirales, labyrinthes, cercles, serpentiformes... interprétés comme pièges surtout quand ils sont associés aux animaux, ou comme des symboles qui ont un aspect et un rôle religieux et spirituel.

Quant aux anthropomorphes, l’homme était présenté comme chasseur de la faune sauvage en les attaquant par les arcs, les flèches, les haches polis... A propos de l’habit de l’homme, constituait d’un étui phallique tenu par une ceinture qui supporte à l’arrière une queue d’animal, A.Simoneau a affirmé que « Les Egyptiens prédynastiques et leurs voisins de Libye se contentent d’un étui phallique, tenu par une ceinture qui supporte à l’arrière une queue d’animal : Ce costume de « sauvage » qui disparaît de la basse vallée du Nil au début de la monarchie pharaonique, persiste chez les Libyens pasteurs de la steppe désertique qui n’ont pas chargé de genre de vie » (A Simoneau 1969, p 102).

L’apparition de quelques figurations des bovins au milieu des chasseurs a été interprétée par A Simoneau que nous sommes dans un milieu des chasseurs-pasteurs où se mélange les deux cultures, c’est à dire que nous sommes dans un milieu de passage de la chasse à la pasteurisation et à la domestication.

Pour la majorité des chercheurs, la datation de cette période serait antérieure à 3000 avant J.C., car c’est depuis cette date que débute la période bovidienne c’est à dire le début du néolithique au Sud Marocain (A Simoneau 1969, p 114)

- La période bovidienne

Au contraire de la période précédente où la faune sauvage est omniprésente, la période bovidienne avait connu une prédomination des figuration des bovins (vaches, bœufs, buffles...) présentés avec des détails, absent au milieu des chasseurs, tels que les mamelles pour les femelles le membres sexuels pour les mâles, des vaches à genoux (Tighzdarin à Assif n Tmanart), d’autres avec des pendeloques au col (Tachoukalt à Imougadir)... tous ces détails nous donnent le sens que l’homme à cette période avait commencé l’élevage des bovins c’est le passage à la domestication et la sédentarisation.

La représentation de plusieurs figurations dans une seule roche et « les décors serpentiformes sont peu réalistes et suggèrent peut être des serifications ou des ferrades d’appartenance à un troupeau » (A Rodrigue 1993, p 51), parfois ces bovidés « portent des pendeloques... Ces attributs ont parfois été interprétés comme amulettes, des clochettes ou plus simplement des fanons... les bœufs sont souvent en fait des taureaux, soit parce que le sexe est dûment représenté » (A Rodrigue 1993, p 51). Les traits qui traversent les corps sont aussi interprétés comme des cordes qui attachent des bagages c’est à dire ils sont utilisés comme moyen de transport.

Alors nous sommes dans un milieu de domestication où l’homme est très prés des animaux comme éleveur. Cette domestication a commencé dans un milieu sauvage avant l’apparition du « bœuf monté » c’est « Le bœuf rituel ». « Il semble donc que sur le Draa moyen, le bœuf se soit adapté à un milieu semi-sauvage...nous n’avons ni bœuf porteur, ni bœuf monté, ni char à bœufs... nous sommes donc au stade du bœuf rituel, entre le bœuf sauvage et le bœuf porteur ...Cette domestication originelle, mal assurée, provient de l’arrivée tardive de bovidés domestiqués sur le Draa... » (A Simoneau 1969, p 111) En revanche le bœuf monté (4 exemples à Adrar Metgourine Akka) représente une époque évoluée de la domestication où l’homme les a exploités comme moyen de transport avant l’apparition du cheval et du chameau. Ce bœuf monté est daté à Akka (Sud Marocain) de 2000 avant J.C, ce qui veut dire un retard par rapport à la datation de ce bœuf au Tassili n-Ajer (Sahara algérienne) qui remonte à 3500 avant J.C. De ce point la néolithisation au Sud marocain serait de 2500 avant J.C. par rapport encore avec le Tassili où elle remonte au à 4000 avant J.C. (A Simoneau 1975, p 164). Il est aussi évident que « les pasteurs des bovidés, d’origine saharienne, ont atteint le Sud marocain » (H Lhote 1964, p 241) Ce qui veut dire qu’il avait une relation permanente entre le Sud marocain et le Sahara central (Tassili).

De leur part O du Puigaudeau et M Senones le groupe bovidien se précise au cours du deuxième millénaire avant J.C (O du Puigaudeau & M Senones 1964, p 8)

Et c’est nous avons vu le chien comme un moyen de défense et de chasse, il était aussi à côté des bovins, « ... l’un des animaux domestiques qui avaient un grand rôle dans la vie de la population du Sud marocain » (B Kaache 1995, p 40)

« La néolithisation du Sud marocain est donc tardive : la vague bovidienne du 3ème millénaire touche au monde encore mésolithique : l’élevage commence alors dans le Sud marocain, mais le pasteur se modèle sur le chasseur qui conserve ses caractéristiques essentielles » (A Simoneau 1969, p 114).

L’homme est apparu dans ce milieu couvert de peaux animales comme habit (exemple à Tamggert n tâyyalin Akka), parfois il a porté ce qu’on appelle la plume libyenne symbole de prestige chez imazighen (C.A.Julien 1969, p 60)

En fin, malgré la domination bovidienne sur les figurations, il y a une présence de quelques caractéristiques de la période précédente (rhinocéros, éléphants, autruches...), ce qui veut dire que l’homme n’avait pas tout à fait changé son mode de vie. D’ailleurs il faut signaler que « La région de Dra- Bani fut refuge pour les chasseurs sahariens, les chaînes atlasiques, la proximité atlantique ont longtemps maintenu dans les vallées de piémont une humidité suffisante pour la grande faune. » (A Simoneau 1976, p 30).

Mais avec la dégradation du climat et la sécheresse, la majorité de ces animaux avaient quitté la région en gagnant d’autres plus humide telle que le Haut Atlas.

- La période des chars

Pour H.Lhote cette période est indubitablement bovidienne tardive car les figurations des chars existent toujours dans un milieu bovidien (H.Lhote 1964, p242), ils ne sont jamais accompagnés d’homme ou d’animaux, ce qui pose un problème pour connaître l’animal utilisé pour les tirer.

De son côté G.Camps a constaté que ces chars au Sud Marocain et même dans l’ensemble du Maghreb ne sont pas destinés ni au transport ni à la guerre, ils témoignent du prestige de quelques personnages ou d’un groupe particulier (G. Souville 1991, p780).

On suppose aussi qu’ils ne sont que des signalisations routières gravées par des voyageurs au passage afin de repérer leur route pour faciliter leur retour ou pour guider d’autres voyageurs (O du Puigaudeau & M Senones 1964, p 10).

Mais la découverte de huit chars gravés au site de Tircht (Assif n Tmanart) par O. du Puigaudeau et M.Senones « apporte un nouvel argument en faveur de la théorie de R.Mauny qui fait passer une de ses pistes de chars par l’Oued Tamanart ». (O du Puigaudeau & M Senones 1953, p1261).

Sachant que « ...R.Mauny a établi le tracé du parcours occidental de ces chars depuis Figuig (col du Zenaga), 142 jalonnent une route qui passe par Taouz, Foum El Hassan, le Zemmour, l’Adrar Tmar, le Tagant, le Dhar Tichit, Walata et aboutit au Mali, à Tondia prés de Goundam. Un embranchement reliait à l’Atlantique le carrefour de oued et de pistes de Foum El Hassan, par Douroudi, Timguilcht et Tafraout, sa tête de ligne est à Biougra... ». (O du Puigaudeau & M Senones 1964, p 10).

Mais G.Camps a critiqué fortement quelques cartes qui essaient de tracer des routes des chars surtout dans des régions montagneuses difficiles à traverser. (G. Camps 1980, p 65).

Par contre R.V.Valleverdu croit que les chars de Tata accompagnent le parcours occidental dirigeait vers les régions Subsahariennes au milieu du I millénaire avant J.C. (R.V. Valleverdu 1981, p 138).

« Les Ait Ou Mribet n’ont pas perdu tout souvenir des Carthaginois, qu’ils appellent Fniks, Phéniciens. Une de leurs traditions leur attribue la construction de l’Agadir au sommet de la montagne...c’est pourquoi, disent-ils on l’appelle encore Agadir n Fniks...Ces Carthaginois ayant remonté le Drâa dans leurs conges, venaient dans l’intérieur pour échanger ce que nous appellerions leur pacotille de traite -céramiques, verroteries, étoffes et parfums- contre des céréales, de l’huile, des peaux de bêtes sauvages et surtout l’ivoire des éléphants et les cornes de rhinocéros... » (O du Puigaudeau & M Senones 1964, p 6). On croyait aussi que ce parcours occidental était très important que le parcours oriental qui passait par Tassili. Il pourrait être le même parcours qui serait utilisé avec des chameaux avant l’arrivée des arabes au VII siècle après J.C.

- La période chevaline

Les figurations du cheval sont très rares dans l’ensemble du Sud Marocain et au Bani-Dra en particulier (2 exemples à Tighzdarin), et elles ne sont pas de grande importance par rapport à celles du Sahara Central (Algérie), où les chevaux sont associés à des chars.

D’après G camps les chevaliens sont venus d’Egypte par la Libye en se dirigeant vers l’ouest par l’Atlas Saharien. cette apparition du cheval a eu lieu entre le II millénaire avant J.C. et les premiers siècles du I millénaire avant J.C. Ils ont dominé les bovidiens. Au début ils ont utilisé les chars comme conducteurs ensuite ils seraient des cavaliers. (G. Camps 1980, p 65).

De point de vue de O du Puigaudeau & M.Senones cette période est datée au Sud Marocain du I millénaire avant J.C. « ...Le cheval a fait son apparition avec les Hyksos et les peuples de la mer... ». (O du Puigaudeau & M Senones 1964, p 8). Le même point de vue est chez A.Gaudio qui a daté la venue du cheval d’Egypte vers l’ouest d’environ 1200 avant J.C. (A. Gaudio 1992, p 5). De son côté S.Searight a daté le cheval monté dans l’ensemble du Maghreb du I millénaire avant J.C. (S. Searight 1993, p 69).

- La période libyco-berbère.

Les spécialistes ont l’habitude de lier cette période à la précédente, car il est difficile de les séparer. .« ...Le groupe chevalin qui se fondra sans limites bien précises avec le groupe libyco-bérbère » (O du Puigaudeau & M Senones 1964, p 8).

Cette période est caractérisée par les inscriptions au caractère amazighe Tifinagh, qui « Dans l’état actuel de nos connaissances,... ne peuvent pas être plus anciennes que 750 avant J.C. ». (S. Searight 1993, p 62). ces inscriptions nombreuses au Haut Atlas sont rares au Bani-Dra (2 exemples à Assif n Tmanart).

Dans cette période apparaît l’utilisation des armes métalliques qu’A.Rodrigue a trouvé 40 exemples gravés au Sud Marocain. (A. Rodrigue 1987-88, p 256).

Mais ce thème des armes métallique pose des problèmes surtout quand ils se trouvent associés à des animaux sauvages. « l’association rhinocéros-hache de métal pose ainsi un problème pour l’instant insoluble. La seule hypothèse satisfaisante serait de faire coïncider, à la fin des temps néolithiques, les pratiques tardives de chasse d’une faune relictuelle avec l’utilisation des premières armes de métal (cuivre ?) ». (A. Rodrigue 1987-88, p 256).

Et ce qui complexe ce problème c’est que nous trouvons quelques types de haches au Bani-Dra insemblable à celles du Haut Atlas où nous connaissons qu’il a une grande relation avec l’Age du Bronze Ibérique. Le premier type à « tranchant en éventail » il est loin d’être en pierre. Par contre le deuxième type qui est des « armes coudées » est loin d’être en métal. Le troisième type « des armes piriformes » (A. Rodrigue 1994, p 28-29).semblables à celles trouvées sur la station de l’Age de Bronze du Haut Atlas daté de 4000 de notre ère. (A. Gaudio 1992, p5).

Tout ce que nous pouvons dire, c’est que « les centres métallurgiques du Haut Atlas... n’auraient pas été exclusivement tributaires des innovations technologiques venues d’Europe via l’Espagne ou du Moyen Orient, mais auraient été en contact avec des populations de pasteurs à armes métalliques d’origine transatlasique (saharien même ?) ». (A. Rodrigue 1994, p 29-30).

Dans cette période l’homme est devenu cavalier armé des hallebardes, des poignards, des boucliers... Très évident au Haut Atlas par rapport au Bani-Dra où ils sont très rares.

Les très grandes mains l’une des caractéristiques dans les gravures de cette période (un seul exemple a Touzirt Assif n Tmanart) datée à la péninsule Ibérique d’entre le X et le VII siècle avant J.C. (S. Searight 1993, p 69).

- La période camélienne

Avec les changements climatiques en Afrique du Nord qui avait permet au climat sec de se tendre sur une large partie de cette région, il est évident que les espèces des animaux allaient aussi changer et se remplaceraient par d’autres qui allaient s’adapter au nouveau climat. Alors dans ces circonstances était apparu le chameau. Cet animal est fait entrer en Egypte par les perses vers 500 avant J.C. ensuite il est tendu vers l’Afrique du Nord dés les derniers siècles avant J.C. pour qu’il soit réputé au minimum au début du IV siècle après J.C. (UNESCO 1983, p 78-564).

Les figurations de cet animal tout comme le cheval sont très rares dans les gravures de la région dont nous parlons, à l’exception de quelques exemples au site rupestre de Khaoui El Ktbane (Tata).

- Conclusion

Pour conclure il faut signaler que les gravures rupestres ne sont pas les seuls vestiges préhistoriques de la région Bani-Dra. Elle contient aussi plusieurs sites des outillages rupestres de diverses époques de l’Age de la pierre qui témoignent l’existence de l’homme depuis des milliers d’années avant J.C. avant même l’apparition de l’art rupestre.

Je vais citer ici quelques découvertes : L’Acheuléen à Tasttift (R La Fanechere 1952 p 47-62) Le Levalloisien à Tissint (R La Fanechere 1954 p 111) et à Tircht (O du Puigaudeau & M Senones 1953, p 11), industrie Moustéro-Atérienne à Aouzergui et l’Atérien à Sidi Boulanouar( R La Fanechere 1954 p 47- 62/111). Et à Hassi Lahouira une industrie capsienne ( Puigaudeau & M Senones 1941, 167), des pièces du Paléolithique supérieur à Talghaycht Puigaudeau & M Senones 1953, p 11), des pièces microlithiques en silex à Icht et Tarchknoun Puigaudeau & M Senones 1953, p 11), des broyeurs de type néolithique et un tumulus tronconique à Tachoukalt (H Lhote 1964 p 236) et plusieurs morceaux de poterie à Metgourine de type néolithique (A Simoneau 1977 p 65)

Bibliographie :

-  Camps (G) « Berbère aux marges de l’histoire » éditions Hespérides, Toulouse 1980.

-  Fanechere (R La) « Recherche de préhistoire dans la région de Bani Drâa (Sud marocain) » B.S.P.M, série 5-6 (1952) & série 7-8 (1954) Casablanca.

-  Gaudio (A) « Sahara : La région du Drâa à l’âge du Bronze » Journal Le Matin du Sahara et du Maghreb, Vendredi 18/09/1992.

-  Julien (C.A) « L’histoire de l’Afrique du Nord » traduction arabe, 1969.

-  Kaache (B) « Début de la domestication animale au Maroc : indices et reconnaissances et interrogations » mémoire de D.E.A Université de Provence(Aix-MarseilleI) 1995.

-  Lhote (H) « Gravures rupestres de Tachoukent et de Tanzega (Sud marocain) » Libyca T II,1964.

-  Puigaudeau (O du) & Senones (M) « Gravures rupestres de la montagne d’Icht (Sud marocain) » J.S.A, T11, 1941.

-  Puigaudeau (O du) & Senones (M) « Gravures rupestres de la vallée moyenne du Drâa (Sud marocain) » J.S.A, T11 1941.

-  Puigaudeau (O du) & Senones (M) « Gravures rupestres de l’Oued Tamanart(Sud marocain) » B.S.P.M, séries 5-6, Casablanca 1953.

-  Puigaudeau (O du) & Senones (M) « Un musée d’art rupestre : Foum El Hassan et l’Oued Tamanart » Ministère de l’information Touristique et des Beaux Arts et Artistique, 1964.

-  Rodrigue (A) « A propos de la gravure d’un rhinocéros dans le Sud marocain » C.L.P.P, séries 4-5, 1987-88.

-  Rodrigue (A) « Documents rupestres de l’Adrar Metgourine (Maroc saharien) » S.E.R.P, les Eyzies, 1993.

-  Rodrigue (A) « Les représentations des haches dans l’art rupestre du Maroc méridional » S.E.R.P. Les EYZIES bull. n°40 1994.

-  Searight (S) « Gravures d’anthropomorphes du Haut Atlas marocain : Vêtements et parures » S.E.R.P. Les EYZIES, 1993.

-  Simoneau (A) « Les chasseurs-pasteurs du Drâa moyen et les problèmes de la néolithisation dans le Sud marocain » R.G.M, n° 16, 1969.

-  Simoneau (A) « Documents rupestres du Sud Marocain » Bulletino del Centro Camuno Distudio Preistorio, vol XII, 1975.

-  Simoneau (A) « Les rhinocéros dans les gravures rupestres du Dra-Bani » Série de Antiquités Africaines, T10, 1976.

-  Simoneau (A) « Catalogue des sites rupestres du Sud marocain » Ministère d’Etat chargée des affaires culturelles, Rabat 1977.

-  Souville (G) « Essai d’interprétation des gravures rupestres du Haut Atlas marocain » Académie des inscriptions et Belles-Lettres, Paris 1991.

-  UNESCO « L’Histoire générale de l’Afrique » Tome I, éd. Jeune Afrique, Paris 1983 (traduction arabe).

-  Valleverdu (R V) « Nouvelles stations rupestres au sud de Djbel Bani( Anti Maroc) » Bull. de la société préhistorique de l’ARIEGE, tome 36, 1981.

Par Abdallah MEZIG

Source : amazighworld.org

http://www.asays.com/article.php3?id_article=91

6 juin 2008

النقوش الصخرية باقا

النقوش الصخرية باقا

الخميس 7 حزيران (يونيو) 2007 بقلم lmaadal

تنوع النقوش الصخرية بمنطقة أقا

بالمواقع الصخرية المنقوشة التي تدخل ضمن المجال الجغرافي لمنطقة أقا، وكذا الجماعات القروية الثلاث- جماعة سيدي عبد الله بن مبارك، جماعة تيزوتين، جماعة ايت وابلي- على إعتبار أن هذه المنطقة تحتضن كما هائلا من النقوش الصخرية، هذا ما جعلنا نتحمس للخوض في هذا الموضوع، لكنه قبل ذلك سنتطرق لبعض النقاط التي يمكن أن نخلص إليها فيما يلي: أ‌- الصعوبات التي تعترض طريق الباحث في هذا الموضوع:
- قلة المصادر المكتوبة عن النقوش الصخرية، فإن أغلب ماكتب عن منطقتنا عبارة عن كتابات أجنبية نشطت أساسا خلال عقد الثلاثينيات من القرن الماضي، وذلك بفضل الجولات التي قام بها الباحثون في هذه المنطقة. أما الباحثون المغاربة فكتاباتهم في هذا الموضوع فهي قليلة .
- صعوبة الوصول الى بعض المواقع خاصة تلك الموجودة بعيدا نظرا لشساعة المنطقة المدروسة ،مما يتطلب تكاليف مادية وجهد كبيرين ،ورغم كل هذا فإننا قمنا بزيارة بعض المواقع وجمعنا ما في وسعنا من مقالات. ب‌- مواضيع النقوش الصخرية: إن مواضيع النقوش الصخرية في منطقة أقا تشبه في خطوطها العريضة مثيلاتها في باقي المواقع الاقليمية للنقوش الصخرية. حيث تشتمل على صور الحيونات وصور أخرى كرموز منها ما هو مفهوم وما هو مبهم: • الحيونات: تحتل الحيونات مرتبة الصدارة في الصور المنقوشة بمنطقة أقا بصنفيها الأليف والمتوحش، وهذه الحيونات مقسمة الى عدة فصائل كبرى، وكل فصيلة تضم فصائل اخرى ثانوية وهي كما يلي:
-  فصيلة البقريات: هذه الفصيلة الكبرى تضم أنواعا ثانوية متنوعة فهناك الظباء والتي تضم بدورها أصناف متعددة منها الغزلان. و النوع الثانوي من فصيلة البقريات هو اللأبقار والممثلة أساسا في نقوش منطقة أقا بالثور والجاموس، حسب ما هو معروف الى حد الأن وهنا نذكر بالخصوص موقع "أدْرَارْ أَمْ تْكُورِينْ"، إلا أن النوع الثانوي الأخير لفصيلة البقريات هو المعزيات المعروف محليا بإسم" أوداد" ولكنه يصعب تمييزه في النقوش.
-  فصيلة الزرافات: هذا الصنف الحيواني قليل أيضا في نقوش الجنوب المغربي خاصة منطقة أقا غير أنه قد عثرنا على إحدى اللوحات المنقوشة تمثل رسم الزرافة بموقع" تيونزوين بأم العلق."
-  فصيلة الكلبيات تضم بالأساس الكلب وإبن آوى والثعلب والصنفان الأولان هما الأكثر حضورا في مواقع النقوش الصخرية المتواجدة بمنطقة أقا.
-  الطيور: الأنواع الحاضرة منها في النقوش الصخرية هي النعامة التي تكون أحيانا على شكل قطيع، والحبارى الكبيرة التي يصل إرتفاعها احيانا الى 110 سنتمتر.• الإنسان: إن صور الإنسان في النقوش الصخرية لمنطقة أقا قليلة بالمقارنة مع الصورالأخرى، وهي صغيرة الحجم مابين 10 و 20 سنتم، إذ توجد هذه الصور غالبا في موقع "تامْكَرْتْ إيسَرْدان" بجماعة سيدي عبد الله بن مبارك بأقا ثم موقع " مْعَرْدَة بِإم العَلْقْ". إلا أن الملاحظة التي يمكن أن نشير إليها هي ندرة صور بشرية تشير إلى الجنس البشري، وخاصة الجنس النسوي في المنطقة المدروسة، إلا أن هناك نموذج واحد صغير في موقع "ام تكورين" • -الرموز بالنسبة للرموز فهي كثيرة ومتنوعة ، فهناك الأشكال الحلزونية والدوائر و المعينات، بالإضافة إلى الأشكال التعبانية والخطوط المنعرجة، المتاهات، النعال، ومن بين الرموز أيضا هناك بعض النقوش بالحروف الأمازيغية – تيفيناغ- إلا انها قليلة. ج – طرق التأريخ للنقوش الصخرية: يتفق جل الباحثين على إن التأريخ للنقوش الصخرية وكذا الرسوم المنقوشة في المغرب وإفريقيا عامة يبدو صعبا جدا، بالمقارنة مع مثيلاتها الأوربية حيث الفن الصخري المنقوش يوجد أساسا داخل الكهوف التي كان الإنسان القديم يسكنها أحيانا، والمشكل المطروح في منطقة أقا أن النقوش الصخرية لا علاقة لها في الغالب بالمواقع الأركيولوجية . وأمام هذا المشكل تتعدد طرق محاولة تأريخ النقوش ومنها:
- الإعتماد على مقارنة الأشياء المصورة مع مثيلاتها في الواقع إن وجدت مثل الأدوات النحاسية والبرونزية والأسلحة المعدنية المنقوشة.
- الإعتماد على أنواع الأساليب التي نقشت بها هذه الصور ، أي صور النقوش الصخرية،حيث إن الأسلوب الأول والقديم هو النوع الذي نعته المختصون بالأسلوب الطبيعي والذي يعكس قوة الملاحظة، ثم الأسلوب النصف طبيعي حيث نجد بعض التراجع مقارنة مع الأول واخيرا الأسلوب الإرتسامي الرمزي أو التجريدي الأكثر تدهورا إذ أصبح النقش هجينا ومائلا الى البساطة.
-  الإعتماد على أنواع المواضيع المنقوشة وربطها بالفترات التاريخية التي تميزها. د- مواقع النقوش الصخرية المتواجدة بالمنطقة: إن مواقع النقوش الصخرية التي تندرج ضمن المجال الجغرافي لمنطقة أقا. عبارة عن تجمعات صخرية ذات أحجام مختلفة تحمل رسوما أو نقوشا أنجزها عليها إنسان ما قبل التاريخ بواسطة أدوات حادة مصنوعة أساسا من الحجارة وذلك في فترة تاريخية قد تعود الى 5000 سنة قبل الميلاد، منها نقوش تمثل رسوم حيونات عاشت بالمنطقة ثم نقوشا تمثل شكل إنسان أو أداة أو خطوط هندسية مختلفة، كما يمكن إعتبار هذه المواقع تندرج ضمن أكبر التجمعات للنقوش الصخرية بالمغرب ومتاحف كذلك في الهواء الطلق بما تضمنه من ثرات حضاري متميز يمكن إستغلاله في مشاريع تنموية و سياحية، إذ تعبر كذلك عن الحركة البشرية الواسعة التي شهدتها منطقة أقا منذ أزيد من سبعة آلاف سنة، إلا انه فغالبية نقوش المنطقة ذات طابع حيواني، ومن حيث العدد، فإقليم طاطا بصفة عامة يحتوي على 123 موقعا ومنطقة أقا بصفة خاصة تحتوي على 15 موقعا و11 موقعا تابعة للجماعة القروية الثلاث – جماعة سيدي عبد الله بن مبارك، جماعة تيزونين، جماعة أيت وابلي- بالإضافة ألى مواقع النقوش الصخرية سنتطرق إلى مواقع أخرى تعود هي الأخرى لفترة ما قبل التاريخ غالبا ما تتواجد على مقربة من مواقع النقوش الصخرية، يتعلق الأمر بمواقع في الهواء الطلق، تضم قطعا خزفية وأدوات حجرية مثل السكاكين ورؤوس الرماح والسهام، وللمزيد من التعميق في هذا الموضوع عملنا على تصنيف المواقع الصخرية المتواجدة بأقا والجماعات القروية الثلاث كما هو مبين في الجدول الأتي: مواقع النقوش الصخرية المتواجدة بمنطقة أقا والجماعات القروية الثلاث.

إسم الموقع مكان تواجد الموقع- اسم الجماعة التابعة لها- رقم الجرد معردة بلدية أقا 150123 كارة بلدية أقا 150124 واد مهداوي بلدية أقا 150125 شمال موتبان بلدية أقا 150126 كارة موقع أم العلق بلدية أقا 150127 تيونزوين أم العلق بلدية أقا 150129 جنوب كطارة بلدية أقا 150130 جنوب غرب توزونين بلدية أقا 150135 عون الخير بلدية أقا 150136 تزكي نزدار بلدية أقا 150138 تلهاوست بلدية أقا 150139 شمال مويه الغريب بلدية أقا 150140 واد مشكاو بلدية أقا - سملاليغ بلدية أقا - غانس بلدية أقا - تزونت نسيدي عدنان جماعة تيزونين 150128 اسيف ايخف اواخف جماعة تيزونين 150137 واومسين جماعة تيزونين - واد ادرار تامكارت إسردان سيدي عبد الله بن مبارك 150131

أدرار نمتنكورين سيدي عبد الله بن مبارك 150132

إمكراد نتعيالين سيدي عبد الله بن مبارك 150133

كلتة تاركانت سيدي عبد الله بن مبارك 150134 أيت وابلي أيت وابلي 150157 أسيف نتادكوست أيت وابلي 150158 تامزرارت أيت وابلي - تيزكي أيت وابلي -

من خلال هذا الجدول سنتطرق إلى نموذجين من المواقع الصخرية المنقوشة الأول يثمتل في موقع ام العلق التابع لبلدية أقا، والثاني تابع للجماعة القروية لسيدي عبد الله بن مبارك وهو موقع أدرار نمتنكورين: 1- موقع أم العلق: يتواجد هذا الموقع على بعد سبعة كيلومترات من الجهة الجنوبية الشرقية لبلدية أقا وبالقرب من مدشر أم العلق وهذا الموقع بحدذاته يضم موقعان وهما موقع كارة ثم موقع تيونزوين، وهي عبارة عن ثلاثة جبال تزخر بالعديد من النقوش الصخرية التي تشكل اسلوب Tazina المتميز بالنسيج وتقنية الصقل المعدني، إلا أن هذه الجبال تحتوي على العديد من اللوحات الفنية التي تحمل صور حيونات متنوعة على الهواء الطلق، ويتجاوز عدد النقوش في هذا الموقع أربعين نقشا صخريا. وتمثل رسوم الظباء نسبة كبيرة من الرسوم المنقوشة، أما النسبة الباقية تمثل رسوم الأبقار والفيلة و الزرافات ووحيدات القرن والغزلان.

2- موقع أدرار نمتكورين: من حيث الموقع الجغرافي يقع أدرار نمتكورين على مسافة 20 كيلومتر شمال غرب أقا، وهذا الموقع تابع لجماعة سيدي عبد الله بن مبارك وهو عبارة عن جبل صغير تفصله مسيلات مائية حديثة من الجهة الجنوبية عن باقي الجبال المجاورة، كما تتواجد على أطرافه الجنوبية بقايا بناية تاريخية قديمة وفي الجهة الشمالية تتمركز مجموعة من النقوش الصخرية، ويصل عدد اللوحات الصخرية المنقوشة بهذا الموقع إلى أزيد من عشرين لوحة من الرسوم المنقوشة إذ تمثل فيها رسوم الأبقار نسبة هامة والرسوم المتبقية تحمل رسوم الظباء. 3- مواقع أثرية أخرى : هذه المواقع تتواجد بمحاذاة مواقع النقوش الصخرية، وتحتوي على مجموعة من الأدوات المصنوعة أساسا من الحجارة، صنعها إنسان ماقبل التاريخ. يتعلق الأمر هنا بمواقع توجد في الهواء الطلق تضم قطعا خزفية وأدوات حجرية نذكر من بينها موقع أم العلق ببلدية أقا وموقع ادرار أم تكورين بجماعات سيدي عبد الله بن مبارك الأقاوي. ثم مواقع أخرى تتواجد بمقربة من تامدولت وخاصة جبل العدانة. إن هذا الثرات الصخري المنقوش بأكمله له أهمية بالغة تكمن في تجسيدها لبراعةالإنسان القديم في مجال النقش الصخري وتصويرها لبيئة إقليم طاطا بصفة عامة ومنطقة أقا خاصة، وذلك خلال العصور الحجرية . إلا أن هذا الموروث يتعرض للعديد من المخاطر، منها الكسر والسرقة سواء من طرف الأهالي والرعاة او من طرف السياح، كما نجد غياب ظروف الصيانة الضرورية بسبب قساوة المناخ السائد في المنطقة والذي يتميز بالفوارق الحرارية الكبيرة بين الليل والنهار والشتاء والصيف التي تؤذي الى إنكسار الصخور المنقوشة.

http://www.akkaweb.ici.st/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gravures_rupestres_de_la_r%C3%A9gion_d%27El-Bayadh

http://fr.wikipedia.org/wiki/Peinture_rupestre

http://it.wikipedia.org/wiki/Immagine:Tassili_ladies.jpg

6 juin 2008

les gravures rupestres

Algérie et Libye, sanctuaires de l'art rupestre saharien

Yves Gauthier

Directeur de recherche au CNRS.

Fascinant par son immensité et sa beauté, le Sahara est aussi l'un des plus vastes musées de plein air de notre planète. Poteries, objets en pierres taillées ou polies, perles en œuf d'autruche ou encore squelettes et monuments mégalithiques, les traces de l'homme y sont nombreuses. Elles nous révèlent quelques aspects des populations préhistoriques, de leurs successions, de leur mode de subsistance ou de leurs coutumes funéraires. Néanmoins ces occupants du Sahara restent assez irréels, et n'apparaissent qu'en filigrane : des pans entiers de leurs modes de vie restent obscurs. Les manifestations les plus spectaculaires de leur présence sont sans conteste les peintures et gravures qui ornent les parois des oueds et des abris. À travers ces messages, qui ne sont en rien des « instantanés » de la vie d'autrefois, ces hommes prennent une dimension plus réelle et nous apparaissent plus concrètement. Yves Gauthier, directeur de recherche au CNRS et co-auteur de L'art du Sahara, archives des sables (Le Seuil, 1996), nous invite, après cette lecture, à aller admirer ces fragiles témoignages du passé, pour leur dimension magique et l'atmosphère étrange et émouvante qui se dégage de leur cadre somptueux. Une répartition inégale dans le temps et dans l'espace L'histoire des populations sahariennes est rythmée par les fluctuations climatiques liées elles-mêmes aux glaciations successives. Comparativement à l'Europe, l'art rupestre est tardif et ne débute qu'après le dernier épisode hyper-aride au cours duquel le Sahara, bien plus grand que l'actuel, est quasiment vidé de ses habitants. Avec le retour des pluies, vers 12000 avant notre ère environ, au début de l'Holocène, les sols se reconstituent et ces conditions plus favorables autorisent une recolonisation par la faune et par les hommes. L'optimum climatique se situe vers 8000 avant J.-C. et précède un autre épisode aride, d'une durée d'environ mille ans et d'inégale ampleur selon les régions. L'Holocène est marqué par une dernière pulsation, l'« Humide néolithique » (env. 6500-4500 avant J.-C.) avec des précipitations moins abondantes. Avec quelques rémissions, le climat va se détériorer lentement mais inexorablement et, vers 2500 avant J.-C., le Sahara est pratiquement aussi étendu qu'aujourd'hui. L'art pariétal saharien est très inégalement réparti dans le temps comme dans l'espace et pour parvenir jusqu'à nous il a fallu que soient réunies plusieurs conditions : régions favorables pour l'établissement des populations, présence de parois adéquates, absentes dans les ergs ou sur les regs, traditions iconographiques – tous les groupes ne se sont pas exprimés sous forme graphique –, préservation des atteintes naturelles, anthropiques et animales et, enfin, découvertes et publications. Ces limitations expliquent la distribution très inhomogène de l'art pariétal qui recouvre les plus grands massifs sahariens. Sud marocain, Atlas saharien, Adrar des Ifoghas, Aïr et Djado au Niger, Gilf Kebir et Aweinat en Égypte sont, avec le Tibesti, l'Ennedi au Tchad, parmi les plus grandes régions à tradition rupestre, chacune avec ses spécificités traduisant l'existence de nombreux foyers culturels. Les plus grands centres, car peut-être les plus explorés, sont assurément ceux du Sahara central, Sud algérien et Fezzân (Libye), par la quantité, par la qualité artistique et par leur portée historique – ces deux dernières dimensions n'étant pas absentes ailleurs ! Une datation difficile à établir Depuis plusieurs années, les méthodes de datation sont appliquées à l'art pariétal – par exemple pour les grottes Chauvet et Cosquer – mais, au Sahara, ce travail reste à entreprendre : hormis quelques tentatives isolées de datation directe et sauf exception, peinture ou gravure recouverte par une couche archéologique datée, l'essentiel des œuvres est d'âge inconnu. À défaut et en l'absence de textes anciens – les premières inscriptions remontent à deux ou trois siècles au mieux avant notre ère – les classifications et cadres chronologiques reposent principalement sur des critères indirects : styles, superpositions, techniques, thèmes, taille, patine, présence ou non de certains animaux. Un autre argument, délicat à manipuler, est la présence, au pied des parois ou en stratigraphie, de restes archéologiques : datées ou non, ces pièces ont-elles été produites par ceux-là même qui ont peint dans l'abri ? Et que dire si, dans la couche, plusieurs niveaux, c'est-à-dire plusieurs groupes, se sont succédé ? Certains abris ornés ont été occupés depuis le début de l'Holocène, les nomades revenant encore de nos jours pour des périodes d'hivernage ! Lequel de ces groupes est l'auteur des fresques ? Deux thèses s'opposent quant à l'âge des premières figurations pariétales : pour les uns, elles remonteraient au début de l'Holocène vers 10000-12000 avant J.-C. ou même avant, d'autres militent pour un âge plus récent, vers 6000-7000 avant J.-C. Un riche bestiaire Le contraste est saisissant entre l'aridité présente et l'ambiance nettement plus humide qui se dégage des figurations rupestres, tout au moins des plus anciennes. Buffles, éléphants, girafes, autruches, rhinocéros, félins et antilopes, animaux de savane, mais aussi crocodiles, poissons, hippopotames, le bestiaire est riche en espèces sauvages, représentants de cette faune africaine qui maintenant subsiste encore beaucoup plus au Sud, et que vous pourrez admirer sur les sites d'In-Habeter et Mathendush (Fezzân). Indéniablement, les lacs, aujourd'hui asséchés, étaient remplis, les rivières coulaient, lorsque ces animaux ont été figés dans la pierre. Les parois, mémoires des temps lointains, détaillent aussi d'autres grands animaux, disparus depuis des millénaires : l'aurochs, ancêtre des bovidés domestiques africains et le buffle antique dont les cornes gigantesques pouvaient atteindre plus de trois mètres d'envergure. Quelques détails anatomiques finement dessinés dénotent une excellente connaissance de la faune reproduite par ces artistes, parfois grandeur nature : girafes de huit mètres de haut à l'oued Djerat en Algérie ou éléphant de près de cinq mètres de long, taille d'un mâle de cinquante ans au Fezzân, conduisant à une lecture naturaliste de ces représentations dont la beauté et la finesse ne laissent jamais indifférent. Pour autant, dans ce concert, quelques animaux apparaissent avec une fréquence anormalement élevée pour le biotope suggéré par les espèces citées : c'est le cas des grands mammifères ou des autruches par exemple, qui représentent à elles seules plus de 15 % des figurations animales. À l'inverse, les autres oiseaux sont singulièrement rares – quelques pélicans, de possibles flamands – et curieusement aucun n'est montré en plein vol. Il en est de même pour d'autres espèces qui n'apparaissent que quelques fois, lièvres, singes ou phacochères. Ces disproportions ou des absences inexplicables suggèrent que ce bestiaire ne peut être tenu pour un reflet exact de la faune de cette époque et suggèrent une autre interprétation. Confirmation en est donnée par les êtres étranges qui se mêlent à la faune : autruches à tête de girafe, autruches à quatre pattes ou au cornage majestueux, girafes à tête d'âne, hippopotames grimaçants à dentition de carnassier ou singe affublé de grandes élytres. Une société de pasteurs, un univers symbolique Contrairement à des idées largement diffusées, cet « étage » décrivant la grande faune ne précède pas un « étage » supposé plus récent attaché à un mode de vie pastoral selon le schéma classique chasseurs/cueilleurs puis pasteurs. Sur les gravures du Fezzân, style, patine et techniques, rien ne permet de séparer en deux entités distinctes ces animaux sauvages, d'animaux incontestablement domestiques qu'ils côtoient sur les parois. En effet, ces derniers, qui représentent près de 40% des figurations, sont parfois sous-jacents aux gravures de la grande faune ; ce statut domestique est affirmé par des colliers, pendeloques ou bâts portés par des bœufs montés ou transportant des ballots et piquets de tente, comme dans l'Oued Ti-n-Tarabine. Les troupeaux où se mêlent bœufs et moutons s'organisent autour du campement. La remarque est plus qu'anecdotique car cette simultanéité porte en elle des contraintes sur l'âge des gravures. En effet, dans l'état actuel des connaissances, les restes osseux de bovins domestiques sahariens les plus anciens remontent au VIIe millénaire avant J.-C. Les groupes ayant figuré ces animaux ne sauraient être antérieurs ! Ce qui ne règle pas forcément le cas de tous les groupes sur l'ensemble du Sahara : certains des plus anciens, les fameuses « Têtes rondes » des stations de Séfar, In Awanghet, Jabbaren au Tassili-n-Ajjer, n'ont pas figuré d'animaux domestiques. Dans ces sociétés pastorales, l'élevage n'est pas l'activité exclusive : de minuscules archers s'attaquent avec bravoure aux plus grands animaux, éléphants, rhinocéros hippopotames ou aurochs. Parfois secondés par des chiens, ils piègent les proies avec des pierres d'entraves que l'on retrouve en abondance à proximité des anciens cours d'eau. Mais les préoccupations de ces populations dépassent très largement le simple stade narratif de la vie quotidienne : leur monde est peuplé d'êtres étranges, humains à tête de chacal ou de lycaon, dotés de pouvoirs surhumains comme à In Habeter. Ces géants portent avec aisance des rhinocéros, des aurochs ou des ânes, copulent avec des éléphants ou les chevauchent. Cet univers symbolique transparaît tout particulièrement avec ces personnages affublés de masque d'animaux, – rhinocéros, bœuf, antilope, éléphant – masques qu'ils portent lors de scènes rituelles ou de pratiques, dont les acteurs sont richement parés, ou dans des affrontements symboliques entre des archers masqués et des singes. Du bœuf au cheval, et du cheval au chameau La péjoration climatique va bouleverser le panorama. Ces sociétés pastorales, présentes un peu partout au Sahara, vont évoluer et/ou disparaître au profit d'autres groupes, conjointement avec une modification de la faune, dont une partie émigre vers la zone sahélienne. Vers le début du IVe millénaire avant J.-C., les espèces exigeantes en eau disparaissent ou se réfugient dans les massifs où elles trouvent des niches écologiques résiduelles, et les plus grands mammifères, éléphants, rhinocéros se font rares sur les parois rocheuses. Subsistent surtout girafes, oryx, mouflons, autruches et lions qui s'accommodent de climats plus arides. Vers 3500 avant J.-C., le cheval fait son apparition en Afrique et plus tard au Sahara, vers la fin du IVe millénaire ou dans la deuxième moitié du Ier selon les auteurs. S'il sert à la monte, c'est surtout comme animal de trait qu'il figure, attelé aux chars, dont il existe plusieurs représentations au wâdi Teshuinat dans l'Akakûs, et dont l'origine est controversée. Les populations « équidiennes » qui les possèdent, sont peintes selon des conventions rigides et de façon plus schématique que dans les écoles précédentes. Les thèmes développés sont moins nombreux et moins riches, et la composante symbolique des étages anciens semble totalement évacuée. Ces groupes, qui occupent la quasi totalité du Sahara central, pratiquent la chasse au mouflon comme à Teshuinat et à l'autruche, et dans une faible mesure, poursuivent des activités pastorales, chèvres et moutons prenant une place de plus en plus grande au détriment des bœufs. La dernière évolution perceptible, avant l'arrivée de l'Islam, se situe juste avant notre ère. L'introduction du chameau scelle le retour définitif du climat aride et l'avènement du monde berbère dont l'extension déborde largement du Sahara central. Yves Gauthier Juin 2000 Copyright Clio 2008 - Tous droits réservés Bibliographie L'Art du Sahara Yves Gauthier Seuil; (Arts Rupest), 1996

http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/algerie_et_libye_sanctuaires_de_l_art_rupestre_saharien.asp

30 mars 2008

rupestres arts

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30 mars 2008

Art Rupestre saharien

L’art rupestre du Sahara Occidental : un patrimoine culturel à inventorier à protéger

Le sub-continent Nord-Africain et Saharien est loin d’avoir livré la totalité de ses richesses en art rupestre comme le démontre l’exemple du Sahara Occidental.

gravure_rupestre

Le sub-continent Nord-Africain et Saharien est loin d’avoir livré la totalité de ses richesses en Art Rupestre. La période coloniale Européenne, Italienne en Libye, Française au Tchad, en Algérie et au maroc, Espagnole au Sahara Occidental, a laissé des études et travaux scientifiques en quantité et en qualité inégales sur l’Archéologie et l’Art rupestre de ces pays d’Afrique du Nord, compte tenu des politiques d’exploration et de recherche scientifique menés par les colonisateurs.

Si les monts de l’Atlas pré-saharien et le Sahara algérien ont fait l’objet, par exemple, pendant plus d’un siècle, d’études archéologiques nombreuses et parfois d’une exceptionnelle densité, de vastes zones de ce territoire immense restent encore inexplorées, - d’importantes découvertes au cours de la dernière décennie l’ont attesté (Soleilhavoup, 1988,1993). L’Espagne a occupé le Sahara Occidental (Saguia el Hamra et Rio del Oro) pendant près d’un siècle (1884 - 1975).

Jusque dans les années trente, cette présence espagnole s’est surtout cantonnée dans des postes côtiers. Sur l’ensemble du territoire du Sahara ex-Espagnol, des investigations ont cependant été menées en archéologie préhistorique, par exemple par Julio Martinez Santa-Olalla, Manuel Alia Medina , M. Almagro, Hernandez Pacheco. Sans qu’on puisse parler d’inventaire, ces chercheurs et d’autres, ont réalisé d’intéressantes et utiles études et monographies. Une liste bibliographique assez substantielle de travaux espagnols, mais aussi autrichiens, allemands, français, fait foi, depuis une cinquantaine d’années de l’intérêt suscité par lArt Rupestre qui gît dans ces vastes régions.

Pendant l’été 1996, je recevais un important dossier de photographies de gravures dans le style dit de « Tazina » - un style bien connu dans le sud marocain, foyer possible d’une paléoculture néolithique, connu également dans l’Atlas d’Algérie et jusqu’aux confins nigéro-tchadiens. Ce dossier m’était adressé par un responsable de l’Unité Militaire de la MINURSO qui, avec sa patrouille était « tombé » fortuitement sur cet ensemble de gravures, par 26°48’847N et 08°50’928 Ouest.

A défaut de traces écrites dans la littérature scientifique qui m’étaient accessibles, j’ai publié une courte note dans la Lettre internationale d’informations sur l’Art Rupestre (INORA), éditée par Jean Clottes, dans la rubrique « Découverte » (Soleilhavoup 1997) Quelques mois après, j’apprenais par l’Association des Amis de la RASD que, sous la conduite du Front Polisario et sous l’autorité scientifique de Monsieur le Professeur Théodore Monod, une équipe a stationné peu de temps sur ce même gisement, en mars 1995. Des images vidéo avaient été prises par François Dubreuil de la société Vidéogram (Le Mans, France) qui participait à la mission.

Quelques semaines après la publication de ma note, je recevais d’un groupe d’universitaires espagnols de Girona, une carte postale éditée par l’Université de Girona et par le Musée National du Peuple Sahraoui qui montre un détail des gravures de ce gisement et signée par cinq chercheurs qui ont « découvert » ces gravurres, probablement en 1995. Cette équipe a donné le nom de « Sluguilla » (le petit Slougi, race de lévrier du Maghreb) à ce site. Tout récemment, en mai 1997, lors de la réunion annuelle de l’Association des Amis de l’Art Rupestre Saharien, en France, j’apprenais que ce gisement , - toujours le même ! ’ avait été « découvert », relevé et partiellement publié par Mark Milburn, en 1973, quelques 22 ans auparavant ! L’auteur l’appelle « Ras Lentareg ».

Il est plus que probable que les populations locales sur la Hamada de Tindouf connaissent l’existence de ce gisement rupestre depuis plus longtemps encore. Un Anglais, des Espagnoles, des Français ont cru découvrir un site d’art rupestre.

L’extrême éparpillement international des données de terrain et des écrits, parfois dans des publications très confidentielles, explique ces impressions, ces convictions, d’être l’inventeur d’un nouveau gisement. Ceci nous amène à réfléchir sur la coopération scientifique internationale en manière d’exploration et d’étude de zone d’art rupestre, au Sahara Occidental, comme ailleurs dans le monde.

L’art rupestre au Sahara Occidental est riche, tout comme dans le Sud Marocain ou dans l’ensemble des régions sahariennes, jusque et y des régions sahariennes, jusque et y compris dans la péninsule Arabique.

Gravures et peintures abondent dans ce secteur du Sahara et elles correspondent aux différentes phases chronoculturelles définies dans le Sahara. Leur fragilité est grande, tant à cause des effets altéragènes du climat (contrairement aux idées reçues, le « sec » n’est pas particulièrement conservateur des surfaces rocheuses), qu’à cause de la présence humaine (ignorance, pillages archéoologiques, faits de guerre, vandalisme,’) Autant certaines zones du Sahara ont bénéficié d’inventaires archéologiques quasi-exhaustifs, assortis de bonnes cartographies, notamment pour l’Art Rupestre, autant le Sahara Occidental manque encore d’un programme de fond destiné a rassembler d’une part ce qui est déjà connu, même très partiellement (inventaire et regroupement de la bibliographie internationale) et d’autre part à mobiliser un certain nombre de spécialistes pour coordonner et systématiser l’exploration de terrain, afin de connaître et de publier, par exemple sous l’égide d’instances internationales et supra-gouvernementales, un Inventaire Général et un Atlas raisonné de l’Art Rupestre.

De cette façon, le patrimoine culturel de l’humanité du sub-continent Nord-Africain se verrait enrichi et utilement étudié. Cela permettrait en particulier de mieux comprendre l’origine des divers peuplement pré et protohistoriques du Sahara, les foyers apparition et d’extension géographique ou d’influences des différentes paléocultures, manifestées entre autre par l’art rupestre.

On sait en effet que l’Art Saharien s’inscrit dans un cadre chronologique fondé, dès 1932, par Théodore Monod, par la succession sur les rochers d’images d’animaux, d’abord sauvages, ensuite domestiqués. Ces animaux, véritables « fossiles directeurs » de la chronostratigraphie de l’art, permettent aussi de définir les principaux « étages culturels : Le grand Buffle sauvage, caractéristique de l’étage Bubalin et correspondant au néolithique ancien, avec ses cultures de chasseurs ; on peut dater cet étage de 7000 à 8000 ans avant l’actuel ; Les boeufs, les vaches domestiqués qui caractérisent l’étage Bovidien du néolithique moyen où l’économie pastorale domine, sans exclure la chasse, vers 6500 à 5500 ans ; L’introduction du Cheval au Maghreb et au Sahara, d’abord attelé (les chars), puis monté (les cavaliers), marque le début des temps protohistorique et l’arrivée de nouvelles populations venant du Nord-Est (les paléoberbères ou libycoberbères).C’est l’étage Caballin (population équidiennes).

Cette phase pourrait débuter vers 3000 ans ; L’utilisation généralisée du Chameau (= le dromadaire) correspond à l’installation des conditions arides dans l’actuel Sahara. Débutant aux alentours de l’Ere Chrétienne, c’est la période historique Caballine. Ce canevas général, applicable au Sahara Occidental présente des variations locales, dans les représentations rupestres. Le concept de Parc Naturel (régional ou national) peut receler quelques ambiguïtés : « on protège ici ce qu’on détruit ailleurs ».

Il apparaît cependant que la richesse du patrimoine rupestre du Sahara Occidental devrait permettre d’envisager la création, dans les secteurs à forte concentration de station rupestre, de zones protégées bénéficiant du statut juridique et administratif de Parc Naturel. Il importe, dès maintenant, de prendre des mesures conservatoires pour ce patrimoine archéologique inestimable. Parallèlement, des mesures préventives devraient être prises auprès des populations locales, de façon à rendre optimale la conservation du patrimoine. Cette prévention repose sur une pédagogie simple : apprendre à un enfant que son pays a été peuplé par des hommes, il y a très longtemps, qui ont laissé au sol et sur les rochers des traces fragiles de leur quotidien, de leurs religions, fait partie du Devoir de Mémoire des adultes d’aujourd’hui.

Apprendre à cet enfant à reconnaître ces traces, à les respecter, à les considérer comme son héritage, sont appartenance profonde, de son enracinement à sa culture, à ses valeurs, à son pays. Et cela , même si l’archéologie préhistorique ne traduit pas nécessairement la réalité moderne des valeurs de l’Islam.

Au Sahara Occidental, comme partout dans le monde, l’Education au Patrimoine doit figurer parmi les préoccupations majeures des dirigeants politiques.

François Soleilhavoup

Chercheur indépendant et saharien depuis trente ans. Diplômé de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Il est l’auteur de : Sahara Visions d’un explorateur de la mémoire rupestre. 128 pages, 130 photographies, 40 relevés rupestres, 4 similis. ISBN 2-913955-04-5

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Plus loin: http://www.saharafragile.org

27 mars 2008

linguistique amazighe et l'histoire

source:http://www.geocities.com/acaoh/berberamenagement.htm

Aménagement du berbère

Par Saïd Chemakh*   

http://www.hebdo.amd-maghreb.org/index.php?option=com_content&task=view&id=150&Itemid=70

 

Les conditions historiques de l’aménagement du berbère en Algérie:
En travaillant depuis des années sur la standardisation du berbère en général et du kabyle en particulier, de nombreux chercheurs se sont aperçus de la nécessité de tenir compte des données historiques et sociolinguistiques dans leurs études. Sans être directement impliquées comme l’est la lexicologie, par exemple, les données sociolinguistiques s’avèrent être d’une importance capitale pour la standardisation de la langue car elles interviennent à deux niveaux de réflexion :

Premier Niveau : la philosophie dominante en matière d’aménagement linguistique du berbère se fonde sur la standardisation convergente des variétés existantes autant que cela est possible.

Deuxième Niveau : découlant du premier, pousse à favoriser les structures phonologiques, syntaxiques et lexicales communes au détriment des phénomènes strictement dialectaux.

Or, comme les structures et relations syntaxiques sont assez stables pour l’ensemble du berbère, la planification linguistique de corpus et plus précisément l’aménagement/ normalisation touchera essentiellement au lexique et à la notation de la langue. D’ailleurs, ceci était prévisible vu que maintes planifications de corpus d’autres langues y sont passées. Dans son ouvrage "Politique et aménagement linguistiques (1987)", J. Maurais note bien que : "l’aménagement linguistique, c’est à dire l’intervention sur les structures linguistiques elles-mêmes, a surtout touché l’orthographe et le lexique". Et cette normalisation est souvent faite pour répondre à des besoins de l’enseignement.

Les données historiques permettent, quant à elles, de comprendre le processus de l’aménagement d’une variété linguistique et surtout de restituer chacun des contenus de cet aménagement dans l’histoire.

Si on se limite à la définition de l’aménagement linguistique comme étant l’ensemble des efforts délibérément effectués pour intervenir sur la langue tant sur son statut que sur son contenu (corpus), on pourra aisément parler d’un début d’aménagement du berbère dès le XIXe siècle. Ceci dit, le concept d’aménagement linguistique n’est apparu qu’au XXe siècle, et particulièrement à partir des années 60 ; il convient de préciser sur quels critères on se base pour affirmer que l’intervention faite sur le berbère par les militaires, les missionnaires et universitaires français (essentiellement) à partir du XIXe siècle constitue le début ou plus exactement la base d’un "aménagement linguistique".

Si l’on cherche dans toute la littérature linguistique berbère, ce n’est qu’en 1983, que la notion de planification linguistique apparaîtra dans un article écrit par S. Chaker : "De la description à la planification linguistique : un tournant dans le domaine berbère". Or, cela ne veut pas dire que l’aménagement du berbère ait commencé en 1983. Dans cet article d’ailleurs, S. Chaker revient sur les raisons qui poussent à formuler explicitement l’idée d’une planification, alors que les différents travaux des berbérisants et autres acteurs ont jeté les bases d’une ‘planification’ implicite.

Comment, par exemple, est-on arrivé à avoir une notation usuelle en caractère latin ? Cette dernière n’est pas créée ex nihilo, elle est bien le résultat d’un processus de codification d’une transcription du berbère en caractères latins.

Or, un aperçu historique peut apporter des éclaircissements sur ce long processus qui s’étale sur prés de deux siècles et qui commence par une description du berbère pour aboutir dans les années 60 et 70 sur des velléités explicites de standardisation/ aménagement de la langue.

Cet aperçu historique peut être divisé en deux parties correspondant aux deux périodes essentielles :

1- la période coloniale allant du XIXe siècle jusqu’à 1962.

2- la période actuelle allant de 1962 à nos jours.

Cette subdivision peut être justifiée par le fait que les actions et les discours sur la langue berbère diffèrent radicalement. De même que les acteurs et leurs motivations ne sont plus les mêmes.

 

Du XIXe siècle à 1962.

Peu de choses, pour ne pas dire rien, étaient faites par l’Etat colonial pour standardiser et/ou aménager le berbère. Hormis dans le domaine de l’enseignement où des institutions étaient créées, aucun autre effort n’a été entrepris pour la création de cadres, organes pouvant permettre à la langue berbère de se développer.

Pour cette période, on peut déjà citer la création de l’enseignement du berbère à la Faculté de Lettres d’Alger dès les années 1880 suivie par la création d’un brevet de langue kabyle en 1885, la création d’un diplôme des dialectes berbères en 1887 et par l’instauration d’une prime annuelle aux instituteurs titulaires du brevet ou du diplôme de berbère. Ces premières actions seront d’ailleurs accompagnées par la publication des premiers manuels.

A partir de 1913, l’enseignement du berbère se consolide avec la création du cours de berbère à l’Inalco (Paris). D’autres chercheurs (A. Basset, J.M. Dallet, A. Picard...) viendront assurer les cours au sein de la chaire de berbère de l’Université d’Alger. L’existence de ce pôle scientifique de recherche et d’enseignement n’exclut pas la création et la naissance d’autres espaces d’enseignement et/ou de recherche sur le berbère tels le centre du Fichier de Documentation Berbère créé par les Pères Blancs à Michelet en 1946 ; ou le Centre d’Etudes Régionales de Kabylie à Tizi-Ouzou.

C’est dans le mouvement nationaliste des années quarante que se pose pour la première fois le problème de la reconnaissance de la langue et de l’identité berbère et surtout lors de la rédaction des textes, mémorandums... sur l’indépendance algérienne par, ceux que les historiens appelleront plus tard, "les berbéro- nationalistes"*.

 

De 1962 à nos jours.

A l’indépendance, le pouvoir politique qui s’est mis en place en Algérie a combattu tout ce qui est relatif aux Berbères et à la berbérité. L’Etat algérien se revendiquant comme un Etat arabe, ne reconnaît comme langue officielle que l’arabe. La langue, la culture tout comme l’identité berbère sont présentés comme des créations du colonialisme français quand elles ne sont pas rejetées sous prétexte de gêner la réalisation de l’unité idéologique arabe.

Les mécanismes de lutte idéologique contre le berbère sont alors mis en place dés 1962. Les premiers textes fondateurs de l’Algérie indépendante, à savoir la Charte de Tripoli (juin 1962) et la Charte d’Alger (1963) sont très clairs en la matière.

Cette situation perdurera jusqu’en 2002, bien qu’à partir des années 90, certaines attitudes officielles tendent à se modifier (pseudo- intégration) mais sans reconnaissance explicite de la langue berbère dans les textes fondateurs de l’Etat.

C’est dans le secteur de l’enseignement que les premières conséquences des orientations politiques du nouvel Etat algérien vont apparaître immédiatement après 1962 avec notamment : - La chaire de berbère de l’Université d’Alger qui est supprimée.

- La recherche universitaire dans les domaines des sciences sociales qui est bloquée dés lors qu’elle porte sur les Berbères ou touche à la langue berbère.

Et c’est autour du couple reconnaissance/enseignement du berbère que va se cristalliser l’ensemble des revendications qu’adressent les différentes composantes de la mouvance berbère entre 1962 et 2001. C’est d’ailleurs ce qui apparaîtra dans le bref historique qui va suivre.

A partir de 1962, seule la chaîne de radio de diffusion kabyle semble échapper à ce processus de négation/exclusion du berbère, peut-être du fait qu’elle sert de vecteur de l’idéologie officielle de l’Etat.

A partir de 1965, le mouvement de revendication de la reconnaissance de la langue berbère était l’apanage de l’Académie Berbère (Paris) et de certains groupes universitaires tant en Algérie qu’en France avant de devenir un phénomène social et grégaire au Printemps 1980, l’enseignement de la langue a connu un chemin assez différent.

Bien qu’en 1965, M. Mammeri put assurer des cours de berbère au sein du Département d’Ethnologie de l’Université d’Alger, ce dernier fut supprimé lors de la réforme universitaire de 1971.

A partir de 1980, plusieurs cours "sauvages" (pour reprendre le qualificatif usité à l’époque), furent organisés aux Universités d’Alger et de Tizi-Ouzou et à travers quelques lycées de la région.

On remarquera à travers les publications de cette période (1980-88), constituées pour la plupart de revues et de brochures ronéotypées l’existence de cours tirés des manuels comme "La langue berbère- Initiation à l’écriture" édité par le G.E.B à Paris ou de "Tajerrumt n Tmazight" (grammaire berbère) de M. Mammeri. Ce n’est qu’après 1988, que l’enseignement du kabyle connaîtra un certain essor avec la liberté de création d’associations culturelles. Certaines d’entre elles (FNACA, Idles,...) ont assuré pendant des années un enseignement de qualité.

Au cours des années 70 et 80, les multiples démarches sont menés par M. Mammeri, S. Chaker... pour l’intégration du berbère au sein de l’université algérienne se sont soldées par le refus des autorités qui pourtant prônent un discours d’ouverture destinée à l’opinion internationale.

Du fait de cette négation, aucune expérience d’enseignement institutionnelle n’a été tentée pour le berbère.

Toutefois, si toutes les tentatives de créations de cours de berbères au sein de l’Université algérienne avaient échoué, au cours des années 70/80, en 1990, un département de langue et culture berbères est crée à Tizi-Ouzou. Une année après, un autre voit le jour à l’Université de Bgayet (Béjaia).

Suite au boycott scolaire de 1994/95 et à la création du Haut commissariat à l’amazighité (H.C.A), des enseignements "facultatifs", complémentaires... ont été autorisés pour les classes d’examens de certaines régions berbérophones.

Cet intérêt porté à la reconnaissance du berbère en général et à son enseignement en particulier, va de plus en plus grandissant. Dans son ouvrage Textes en linguistique berbère (1984), S. Chaker notait : "en quelques années, la sensibilité berbère, la revendication d’un minimum de reconnaissance institutionnelle sont devenues, malgré un contexte très hostile, un phénomène de masse. De strictement kabyle qu’il était à l’origine, ce fait s’étend rapidement aux autres zones berbérophones et l’on voit même se développer un sentiment, voire une solidarité pan-berbère, en particulier dans les jeunes générations. Le mouvement est certainement irréversible et il est probable que dans les décennies à venir, l’identité maghrébine elle-même connaîtra de ce fait une transformation assez sensible".

Bien que sur le plan institutionnel et dans les textes juridiques, le résultat reste très maigre : suite au boycott scolaire de 1994/95, le régime en place crée l’institution, le H.C.A. chargé entre autres de ‘l’introduction de la langue amazighe dans le système de l’enseignement et de la communication" (Article 4 / alinéa 2)’. Et dans l’exposé des motifs du décret portant création du HCA, le berbère est mentionné ainsi : "la langue amazighe, langue de tous les algériens".

Et dans le préambule de la constitution de 1997, l’amazighité est présentée comme un des fondements de l’identité nationale à coté de l’arabité et de l’Islam.

Suite aux événements qui ont secoué la Kabylie pendant les années 2001 et 2002, un amendement de l’article 3 de la constitution a été voté par les deux chambres le 07 avril 2002. Cet amendement appelé article 3 bis consiste-en :

- Tamazight est également langue nationale.

- L’état œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés en usage sur le territoire national.

Le fait notable, après ce qu’on vient de voir concernant la politique officielle vis-à-vis du berbère est qu’un changement minimum s’opère dans le discours officiel où l’on passe de la négation/exclusion de la réalité berbère à une timide "intégration". En l’absence d’une politique réelle de prise en charge effective du berbère, les résultats enregistrés jusque-là restent mitigés et discutables dans les domaines suivants :

- l’enseignement où le berbère est facultatif, non généralisé même dans les régions berbérophones et est limité à deux ou trois années 7° et 9° (et Seconde).

- les institutions publiques où en dehors d’un journal télévisé en trois dialectes diffusé par la chaîne ENTV, le berbère n’est pas utilisé dans les administrations publiques exécutives et législatives (collectivités, assemblées...) ni judiciaires...

- la culture où la prise en charge étatique des différentes productions culturelles et artistiques (non privées) est quasi-absente,

- la loi fondamentale où la reconnaissance en tant que langue nationale n’existe que depuis avril 2002 est exemple de minoration dont souffre le berbère. En effet, ce dernier n’est qu’ ‘également langue nationale’ alors que l’arabe est présenté comme langue nationale et officielle.

- sur le plan juridique, aucun décret d’application n’a été adopté par une quelconque institution de l’Etat, ni même proposé en vue d’une réelle prise en charge du berbère dans un quelconque domaine que ce soit.

Réagir

*Saïd Chemakh, Docteur en linguistique berbère, enseignant à l’Université de Tizi-Ouzou.

*Appelation de Amar Ouardane. 

Tamazgha : novembre 2006.

27 mars 2008

Langues, peuples et cultures

                         Présentation

Présentation générale

Il y aurait environ 6 000 langues dans le monde actuel, qui — selon les critères et les méthodes que l’on met en œuvre — se regrouperaient en 20 à 150 familles, des ordres de grandeur très différents qui reflètent le manque d’unanimité entre linguistes. Comment rendre compte de la grande diversité des langues parlées sur notre planète et parallèlement de l’universalité de la fonction de langage qui démarque l’homme du reste du règne animal ? Autrement dit : comment conceptualiser la relation et l’interaction entre le socioculturel et le biologique ?


Pour jeter les bases d’une réponse à une question si ambitieuse, comprendre les évolutions qui ont conduit à la situation actuelle, au cours des derniers siècles mais également sur des périodes de temps plus longues et jusqu’aux origines du langage, est une des démarches possibles. Elle regroupe un vaste ensemble de disciplines et de questions : quelles sont les relations entre les langues modernes, et jusqu’où est-il possible de remonter dans le temps à la recherche de leurs origines ? Quelles sont les causes des changements linguistiques ? Quels sont les liens entre les langues, les gènes et les cultures des populations humaines ? Quelles aptitudes cognitives fondent la différence entre les systèmes de communication animaux et le langage humain ? Que nous apprennent les données de l’archéologie ou de l’éthnologie à ce sujet ?

Les membres de l’équipe « Langues, peuples et cultures » abordent ces différentes questions en faisant appel à des disciplines et des outils conceptuels et techniques variés. Leur approche consiste à partir des distributions et corrélations observées en synchronie et à élaborer sur cette base des modèles qui intègrent les processus qui ont pu donner lieu à la situation actuelle. Des travaux en linguistique historique vont ainsi à la rencontre d’études sur les marqueurs génétiques de différentes populations du monde, ou de modèles théoriques sur la comparaison entre classifications linguistiques et génétiques. Des données empiriques sur les sons des langues du monde ou le sens des mots de leur lexique sont confrontées aux résultats de modélisations informatiques. A travers les collaborations avec d’autres équipes du laboratoire, des rapprochements sont également tentés avec l’ontogenèse du langage chez l’enfant ou la description de langues en danger. De quelques dizaines d’années pour des changements sémantiques ou phonologiques à plusieurs millions d’années pour le développement de l’humanité, ce sont ainsi différentes échelles de temps qui structurent les différents programmes de recherche et parfois s’entrecroisent pour tenter de bâtir un cadre cohérent et continu pour l’évolution des langues.


Lolke Van der Veen
Responsable de l'Equipe LPC

source:  http://www.ddl.ish-lyon.cnrs.fr/equipes/index.asp?Action=Edit&Langue=FR&Equipe=8&Page=Presentation

20 février 2008

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