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afoulay
3 mars 2007

donatillo

Donatello
Florence, 1386 - id., 1466




Sculpteur italien. Donato di Niccolo di Betto Bardi. Donatello a exercé une durable influence sur la sculpture italienne: il a su émanciper la statuaire des lois de la décoration architecturale et, en ressuscitant la sculpture en ronde bosse, il a contribué à en faire le genre préféré de la Renaissance.

Pour Alberti, les cinq rénovateurs de l'art italien sont Masaccio, Brunelleschi, Ghiberti, Luca Della Robbia et enfin Donatello: celui-ci a en effet exploré la sculpture sous de multiples formes (statue, relief, monument funéraire, tabernacle, autel, statue équestre), travaillé les matières les plus diverses (marbre, bronze, stuc, terre cuite, bois) et excellé dans les différents procédés (bas- et haut-relief, ronde-bosse), avec une exceptionnelle aptitude à trouver des solutions tout à fait originales selon le matériau employé, à introduire de nouveaux principes de représentation. Pour Donatello, la technique n'est jamais une fin en soi, mais un moyen d'atteindre les buts artistiques.

A Florence, les premières œuvres
On situe généralement la date de naissance de Donato di Niccolo Betto Bardi, surnommé Donatello, vers 1386, à Florence. Les premiers documents concernant son activité artistique mentionnent sa présence dans l'atelier de Ghiberti (entre 1404 et 1407), après avoir reçu, comme la plupart de ses compatriotes sculpteurs, une formation d'orfèvre, peut-être dans l'atelier de l'architecte Brunelleschi, en compagnie de qui Donatello séjourne un temps à Rome, après que celui-là eut échoué au concours pour la deuxième porte du baptistère de Florence (1401), concours qui inaugure un quart de siècle d'une admirable activité, déployée autour de la cathédrale Santa Maria del Fiore: Ghiberti, le gagnant, y dirige un puissant chantier, où se succéderont maints artistes, bronziers ou décorateurs.

Au cours de cette période, et jusqu'à son association avec l'architecte Michelozzo, l'activité de Donatello est en grande partie liée aux travaux destinés à la cathédrale et à Orsammichele. Dès 1406, il exécute pour son propre compte deux statues en marbre, deux prophètes, pour la porte de la Mandorle de la cathédrale. Le premier David (1408-1416), au drapé fortement cassé sur la hanche, est également destiné à la cathédrale, de même que la colossale statue en terre cuite de Josué (1409-1412), définitivement perdue, à laquelle participe Bernardo Ciuffagni, l'un des collaborateurs de Donatello. Quant au Saint Jean l'Evangéliste (1411-1415), d'une admirable majesté, il préfigure le Moïse de Michel-Ange

Parallèlement, pour Orsammichele, le sculpteur compose une série de saints patrons, placés à l'extérieur, dans des niches, pour le compte de corporations florentines. Les statues de Saint Marc (vers 1411-1415) et de Saint Georges (vers 1415-1417) représentent un pas décisif dans le sens d'une sculpture tout à fait autonome. Sur le socle de la seconde, Donatello sculpte son premier bas-relief, Saint Georges combattant le dragon, qui présente ce que Vasari appelle le relievo schiacciato («relief aplati»), lequel, grâce à un procédé par gradations presque insensibles, semble plutôt dessiné sur le marbre que sculpté. La scène apparaît par ailleurs comme découpée dans une sorte d'écran visuel, effet auquel concourt l'utilisation empirique de la perspective, à une date où Brunelleschi n'a pas encore réalisé ses célèbres expériences. Avec le Saint Louis de Toulouse (vers 1422-1425), où il commence à utiliser le bronze, Donatello apporte la solution définitive à la niche, alors toujours d'architecture gothique: la niche ouvre désormais, dans une petite façade entre deux pilastres corinthiens, une absidiole à coquille flanquée de deux colonnettes ioniques. 

Un autre groupe de statues monumentales comprend une série de cinq prophètes, exécutée vers 1420-1436, pour les niches du campanile de la cathédrale. Nanni di Bartolo, dit «il Rosso», collabore à Abraham et Isaac (1421); la statue la plus importante du groupe, celle du Prophète Habacuc, aussi appelée le Zuccone («le Chauve»), d'une intense expressivité, semble être le résultat d'un profond ascétisme et d'une spiritualité absolue.


Florence, Sienne et Rome
A partir de 1423, l'artiste commence à recevoir de nombreuses commandes extérieures, en particulier des œuvres en bronze. Pour les fonts baptismaux du baptistère de Sienne, il conçoit trois angelots (il représentera souvent par la suite ces putti), deux figures de vertus, la Foi et l'Espérance (1427-1429), et surtout un bas-relief en bronze doré, le Festin d'Hérode. En représentant la scène comme une section de la réalité figurative délimitée de façon arbitraire par le cadre - sur un fond d'architecture où toutes les variétés de relief sont exprimées -, il accentue le rôle du spectateur en lui donnant l'impression qu'il se trouve dans le même espace que les figures. 

Donatello n'abandonne pas pour autant le marbre et, afin de pouvoir honorer des commandes qui affluent sans cesse, il s'associe en 1425 à l'ornemaniste, sculpteur et architecte Michelozzo; de leur étroite collaboration, qui durera jusqu'en 1433, sont issus quelques tombeaux et la monumentale chaire extérieure de la cathédrale de Prato; pour le parapet, appuyé sur un chapiteau en bronze dû à Michelozzo, Donatello sculpte un bas-relief, la Danse des putti. Dans ces œuvres communes, les conceptions classiques de Michelozzo viennent tempérer les innovations de son partenaire, qui lui délègue une large part de l'exécution, ainsi qu'à d'autres collaborateurs.

Entre 1430 et 1433, Donatello se trouve à Rome, où il redécouvre l'art antique; à Saint-Pierre, il réalise le ciborium de la sacristie des Bénéficiers, ainsi que deux tombeaux. A son retour à Florence, il reçoit pour la cathédrale la commande de la Cantoria (1433-1439); cette tribune destinée aux chanteurs apparaît comme très différente de celle de Luca Della Robbia, au classicisme sévère: Donatello l'orne d'une joyeuse bande de putti gambadant. A la même époque, il remporte un concours pour l'exécution d'un carton de vitrail, représentant le Couronnement de la Vierge (1434-1437), pour une des fenêtres circulaires du tambour de la coupole. A Santa Croce, le tabernacle de l'Annonciation, dont le décor, d'inspiration classique, présuppose le séjour romain, date aussi de cette époque. 

En 1437, il reçoit la commande la plus prestigieuse de la cathédrale: les chambranles des portes de la sacristie. Luca Della Robbia réalisera plus tard le portail nord sur un modèle de Donatello, qui, ayant abandonné le projet, se remet temporairement à l'ouvrage en 1459 - sans pour autant l'achever. 


Venise et Padoue
C'est que le sculpteur doit aussi répondre à des commandes extérieures, telle, à Venise, la pathétique statue de Saint Jean-Baptiste (1438), qu'il réalise pour la chapelle des Florentins de l'église Santa Maria Gloriosa dei Frari. 

A Padoue, où il se trouve de 1443 à 1453, Donatello compose, sur le type équestre du Marc Aurèle romain, la première grande œuvre monumentale de l'époque, le monument du Gattamelata , qui est, avec le Colleone réalisé à Venise par Verrocchio, la plus belle statue équestre de la Renaissance. C'est encore à Padoue que Donatello achève en 1450 l'autel de la basilique de Saint-Antoine, qui place un grand assemblage de reliefs et de statues dans un cadre architectural, à la manière d'une sacra conversazion.

Retour en Toscane
De retour à Florence en 1454, Donatello ne reçoit apparemment plus de commandes officielles. Il réalise la statue en bois polychrome de Sainte Marie-Madeleine, une de ses œuvres les plus expressives. Les panneaux de bronze - la Descente aux limbes, la Résurrection et l'Ascension, probablement destinées à l'origine au tombeau de Cosme de Médicis - donnent à Donatello l'impulsion nécessaire pour ériger au cours de ses dix dernières années les deux grands ambons de Saint-Laurent; dans le cycle de la Passion apparaît clairement la façon dont Donatello se sert des éléments formels pour accentuer le pathétique de ses scènes. 

A la fin de 1457, Donatello se rend à Sienne pour y «passer la fin de ses jours». Il y exécutera un Saint Jean-Baptiste de bronze (1456-1457), qui, comme la Madeleine, est une œuvre caractéristique de son dernier style, chargé d'expressivité. Au début de l'été 1459, Donatello se trouve de nouveau à Florence, pour y exécuter le portail sud de la cathédrale. Mais l'œuvre passe de toute évidence au second plan lorsqu'il reçoit de Pierre de Médicis la commande d'un groupe en bronze, Judith et Holopherne. Après ce chef-d'œuvre, Donatello se consacre exclusivement aux ambons de Saint-Laurent; sa santé décline et il laisse une plus grande liberté à ses collaborateurs, notamment Bellano de Padoue et Bertoldo, ce qu'indiquent les disparités stylistiques entre les différents reliefs. Il meurt le 10 décembre 1466. 

L'influence de Donatello
A la différence de la plupart des personnalités artistiques du Quattrocento, Donatello a exercé son activité dans plusieurs centres importants: Prato, Pise, Sienne, Rome et surtout Padoue, si bien que son influence immédiate s'étend du centre au nord de la péninsule italienne. Mais, bien qu'il ait de nombreux assistants et collaborateurs - dès 1416 il dirige un atelier très productif -, on ne peut véritablement parler d'une école donatellienne: si, du peintre Andrea Mantegna au sculpteur Verrocchio, plusieurs artistes se réfèrent à son œuvre, voire en développent certains éléments, d'autres restent hésitants face à l'extrémisme révolutionnaire de ses solutions formelles, qui, avec la profonde subjectivité de son art, font de lui un des premiers acteurs de la Renaissance.

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